La fièvre catarrhale ovine (FCO) : quels enjeux en élevage ?

Parmi les principaux nuisibles en élevage se trouvent certaines espèces à même de transmettre des maladies aux animaux. La fièvre catarrhale ovine (FCO) en est une bien connu des éleveurs, et mieux vaut savoir la reconnaître et agir en conséquence.

Qu’est-ce que la FCO ?

Définition

La Fièvre Catarrhale Ovine (FCO), ou maladie de la langue bleue, est une arbovirose causée par le Bluetongue virus (BTV), un Orbivirus de la famille des Sedoreoviridae. Ce virus possède un génome à ARN double brin segmenté, permettant une grande variabilité génétique, avec 36 sérotypes identifiés à ce jour.


Espèces concernées :

Principale cible : ovins (symptômes graves).

Bovins : souvent porteurs asymptomatiques mais jouent un rôle clé comme réservoir viral.

Caprins : généralement résistants, mais peuvent héberger le virus.


Mode de transmission :

Transmise exclusivement par des moucherons piqueurs du genre Culicoïdes, le virus se réplique dans l’insecte après un repas sanguin sur un animal infecté, puis est inoculé à un nouvel hôte via la salive.


En Europe, Culicoides imicola et Culicoides obsoletus/pulicaris sont les principaux vecteurs du virus de la FCO. C. imicola, originaire des régions afrotropicales, s’est étendu en Europe du Sud (France continentale, Italie, Espagne) en raison du changement climatique, tandis que C. obsoletus et C. pulicaris dominent en Europe centrale et septentrionale, adaptés aux climats tempérés.


Impacts sur les élevages

Symptômes selon les espèces :

Ovin : fièvre, œdèmes faciaux, cyanose de la langue, boiteries, avortements, mortalité pouvant atteindre 30 %.

Bovin : signes discrets (baisse de production laitière, lésions buccales), mais portage viral prolongé (jusqu’à 100 jours).


Conséquences sanitaires :

Mortalité accrue chez les jeunes ruminants.

Avortements et malformations fœtales.

Baisse de productivité : perte de poids, arrêt de la production de laine chez les ovins.


À noter que la FCO engendre des enjeux économiques majeurs pour les éleveurs. Les pertes directes incluent l’augmentation des coûts vétérinaires et la réforme anticipée des animaux atteints. De plus, la maladie entraîne des restrictions commerciales importantes, avec des embargos sur les exportations de bétail provenant des zones infectées. Enfin, la surveillance devient obligatoire, imposant un dépistage systématique pour tous les échanges internationaux, ce qui alourdit la gestion sanitaire des élevages.



Solutions pour maîtriser la FCO

Limites des traitements chimiques

Les insecticides chimiques (deltaméthrine, lambda-cyhalothrine) montrent une efficacité partielle contre les Culicoides, en raison de leur petite taille et de la diversité de leurs gîtes larvaires. Leur utilisation intensive entraîne aussi des risques de résistance, comme observé chez certaines populations européennes, et une toxicité pour les auxiliaires (coccinelles, syrphes).


💡 En agriculture biologique, les traitements préventifs sont interdits, et les délais d’attente après application sont doublés.


Prévention et gestion de l’environnement

La prévention de la FCO passe par une bonne gestion de l’environnement, notamment en asséchant les zones humides comme les lisiers, abreuvoirs et mares, en couvrant les fumiers et en éliminant les matières organiques en décomposition autour des bâtiments.


Un nettoyage régulier des abreuvoirs et la réparation des fuites peuvent limiter l’accumulation d’eau stagnante. Pour protéger les animaux, il est conseillé de les confiner aux heures de forte activité des moucherons, d’installer des moustiquaires sur les ouvertures des bâtiments et de recourir à la vaccination, qui reste le moyen le plus efficace pour limiter la circulation du virus. L'avancée de la vaccination est l'un des objectifs de l'État français en 2025.



Crédits photos : Jean-Baptiste Ferré/EID-Méd


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